Retour à la liste des pilotes

Pilote sur Visa


La photo vous intéresse, contactez Citroën en compétition.

Bagard Michel

Principaux résultats

1982
Rallye des Garrigues : Abandon supports moteur
Rallye des causses rouergats : 10ème, 5ème groupe et classe
Course de côte de Saint Antonin : 4ème groupe B, 2ème classe 1
Course decôte d’Ampus : 62ème, 6ème groupe, 3ème classe
Terre deBourgogne-Franche Comté : 17ème
Rallye de l’Acropôle : Abandon supports moteur
Rallye des 1000 pistes : abandon carter cassé
Epreuve sur circuit de la Châtre : Abandon bielle
Course de côte de Ceyreste : Abandon boite de vitesse
Epreuve sur circuit du Bugatti : 5ème sur 19

Présentation

Tout a commencé par l'achat de la Visa auprès du concessionnaire de Tahiti où je réside. Ses plaques rouges TT susciteront beaucoup d'interrogations dans les parcs, mais on ne néglige pas la suppression de la TVA quand comme moi on a un maigre budget. Lorsqu'à mon arrivée à Paris, je récupère cette voiture, on est loin de l’attendu : pas de boite courte, pas de suspensions spéciales, bien sûr pas d'arceau, mais par contre un bel auto radio et donc autant de frais qui vont impacter un budget difficilement construit.

3 semaines pour modifier ça avant la première épreuve, ça va être chaud ! J'y arrive avec l'aide de la concession d'Aubagne, qui m'abrite et me laisse préparer l'auto. Laquelle arbore sur le capot une Vahiné. Elle attirera le chaland, et me permettra de distribuer sur les épreuves le Monoï fabriqué par un de mes 2 sponsors qui se sont lancés dans l'aventure. Je récupère mon vieux complice de toujours, Christian, qui sera mon coéquipier. Pour nous deux ce sera la première expérience en rallye.

Donc premier rallye, Les Garrigues et une météo de dingue, ES goudron annulées à cause de la neige, mais bien vite, sur celles en terre, de nuit et en parcours secret, on se sent à l'aise. Il nous arrive même de remonter plusieurs autos parties devant nous, le tout dans la boue et sous le déluge, conditions qui conviennent parfaitement au peu de puissance de la Visa.

On devait naviguer dans le 1er tiers du classement lorsque, en liaison, le voyant de pression d'huile s'allume. Coup d'œil sous le moteur, grosse fuite débordant du protège carter. Abandon irrémédiable. Ça commençait plutôt mal.

Le prochain rallye prévu au calendrier Citroën était les Causses Rouergats. Pour l'occasion la Visa a évolué, surtout en fiabilité. J'ai appris qu'il fallait impérativement changer
les supports moteur qui avaient causé notre abandon, par des plus durs.

Nous voilà au départ d'une épreuve 100% terre, également à parcours secret. 150 partants, la coupe Peugeot 104, et une vingtaine de Visa. On est assez intimidés. A juste titre d'ailleurs, car on termine la première ES à la 35ème place mais on comprend vite que l'auto est plutôt du genre incassable et qu'il est inutile de lever dans ce qu'on considère comme - cassant -.

Dans la deuxième ES on est crédité du 16ème temps, on est sur la bonne voie. Et dès lors on
ne ménage plus la monture, ce qui nous permet de terminer à la 10ème place Scratch sur 76 classés, et devant nous ce ne sont pas des manches ! Le déchet est considérable, et la Visa vraiment incassable ! Bien sûr c'est la fête et le moral est remonté à bloc.

Il fallait donc les épreuves auxquelles on souhaitait participer parmi celles sélectionnées par Citroën, en rallye, circuit et courses de côte. Vu que la Côte de Saint Antonin se déroulait près de chez lui, mon parrain, la Concession d'Aubagne m'avait demandé de m'y inscrire. Le but étant de faire la nique au poulain de la Concession de Marseille, Roger Raous, qui était une des références dans le Sud Est. La mission était remplie, de peu, 5/10èmes, et le retour au garage avait été glorieux. Même si Tabatoni s'était avéré intouchable, ma 2ème place sur 10 Visas engagées, ouvrait des lendemains qui allaient chanter !

Le moral étant remonté à bloc, la Concession Parascandola m'allouait un peu de budget afin de disputer l'Acropole, gros morceau s'il en est, qui se disputait début juin. Autant dire que le timing était serré ! Mais notre engagement avait été déjà envoyé, au cas où....Jean Paul Luc, que j'avais assisté en rallye lorsque je résidais en métropole, chapeautait une assistance de copains. Long déplacement, et surtout des reconnaissances réduites aux 2 premières étapes, faute de temps.150 partants, dont 16 Visa, et 57 épreuves spéciales, on est très loin du format actuel.

On n’était pas peu fiers lors de notre montée sur le podium, et ensuite avec une escorte de motards, au taquet jusqu'à la sortie d'Athènes. Hélas dès les premières ES, il fallait déchanter : l'Acropole, ce n'était pas le Causse, et le terrain défoncé avait raison de mes belles jantes alu,
qui étaient montées en Tubeless. Crevaison sur crevaison, ou plutôt pertes de pression, dues à la déformation des talons de jantes sous les chocs. Il fallait sérieusement baisser de rythme jusqu'à la 1ère assistance ! Et que de temps perdu à faire monter des chambres au garage du coin, dans le temps imparti sur le routier. Un radiateur percé par les pierres projetées par un concurrent rattrapé, avec obligation de compléter le niveau en spéciale, complétait le tableau.

Une fois les soucis réglés, je retrouvais la possibilité d'attaquer, avec des temps qui même aujourd'hui me laissent incrédule. 5 fois temps scratch du Trophée, avec en prime un 11ème temps scratch absolu ! Oui mais .... même incassable, la Visa ne pouvait pas supporter ce rythme, et une première alerte nous obligeait à sangler le moteur sur la barre anti rapprochement, pour suppléer un support moteur - encore ! - cassé. L'envie de continuer ma remontée étant la plus forte, je ne baissais que très modérément l'allure et bien sûr, dans la 28ème ES, un autre support cassait, le groupe propulseur se baladait, posé sur le protège carter.

La tringlerie de boite se déconnectait et un freinage hasardeux, au point mort, à belle vitesse en descente, avait raison de la face AV ... et du radiateur ! Fin de partie, et nous n'étions pas les seuls : 32 autos à l'arrivée, et seule la Visa de Dorche, en vieux briscard qu'il était, pointait au podium après .... 16H30 de temps en ES !! Maigre consolation, nous avons fait la double page centrale du bulletin d'infos Citroën, Le Double Chevron avec la mention -Un rallye très gué -. Pour être un bon pilote, je découvrais qu'il fallait aussi avoir un cerveau.... et s'en servir.


De retour de l'Acropole, une belle partie de mécanique/carrosserie m'attendait. Je dis bien m'attendait - car je m'étais mis en congé sabbatique à Tahiti, pour disputer le Trophée ce qui impliquait que je disposais de tout mon temps pour bosser sur l'auto. D'ailleurs il ne pouvait en être autrement, je n'avais pas les moyens de passer par un préparateur. Et c'est là tout le problème.

Si j'avais de correctes connaissances mécaniques, il me manquait beaucoup de - ficelles - qui différentient la mécanique générale, de celle de compétition. Toutes ces casses que j'ai rencontrées durant cette saison, auraient pu être évitées avec le savoir et l'expérience de la course. Par des solutions simples et peu onéreuses, qui relevaient plutôt de la - démerde -, A savoir

- Des supports moteur plus rigides, passés de 3 à 4 avec une attache supplémentaire sur la barre anti-rapprochement. (Abandons aux Garrigues et à l'Acropole)
- Une redescente d'huile extérieure supplémentaire vers le bas moteur, à bricoler avec des accessoires de plomberie, et un compartimentage du carter d'huile. (Abandon à La Châtre)
- Un protège carter en AUG5, un aluminium bien plus résistant que la guimauve utilisée dans la confection du mien. (Abandon au 1000 Pistes)