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Pilote sur Visa


La photo vous intéresse, contactez Citroën en compétition.

Rio Christian (2)

Principaux résultats

Crédit photographique Ymerpa83 et mcfr

Présentation

Originaire de Rennes, Christian se passionne très tôt pour la mécanique que ce soit celle d’une mobylette ou d’une 2cv. Pour autant avant de pouvoir courir il a fallu obtenir un diplôme, trouver un travail et économiser quelques sous ce qui sera fait en 1976, où Christian achète un coupé Alfa-Roméo 1600 cm3d’occasion. Avec une préparation sommaire (arceau, amortisseurs et pneus), il s’engage au rallye de la côte fleurie ou malgré de nombreux freinages approximatifs il remporte sa classe. Enthousiaste et sûr de lui, il enchaîne avec le rallye de l’Ouest où il détruit le coupé dans une sortie de route.

C’est un coupé 2 litres qui succèdera au 1.6 litres avec une préparation plus sérieuse, incluant un pont court et une visite chez un préparateur local. Ce coupé lui permet de remporter ses premières victoires de classe et de groupe, essentiellement en courses de côte car Christian court près de chez lui, mais aussi en rallye même si les kadett GTE sont difficiles à battre comme au rallye d’Anjou où il devra s’incliner face à Knapick. Il se voit attribuer une bourse par la FFSA pour suivre les cours de pilotage de l’ACO sur le circuit Bugatti.

Toujours avec l’Alfa, Christian va disputer une nouvelle saison au cours de laquelle il réalisera une razzia sur les courses de côte, faute d’être compétitif en rallye face aux Opel, et se qualifiera pour la finale du volant ACO. Peu emballé par l’ambiance des circuits, il aborde la finale en dilettante et termine néanmoins troisième devant un certain Michel Ferté.

Début 1978, grâce à son préparateur, il obtient un soutien du concessionnaire de Cholet pour pouvoir courir à un coût très raisonnable sur une R5 Alpine groupe 2 dans le cadre du challenge Renault. Pas encore parfaitement prête, et sous la pluie armoricaine, Christian va se faire piéger et réaliser quelques tonneaux. Il a néanmoins eu le temps de se sentir à l’aise au volant mais la reconstruction de l’auto va lui faire manquer la première moitié de la saison. Après quelques courses de côte pour bien maîtriser la traction avant, et plusieurs duels épiques face aux cadors du challenge (dont un certain Jacques Panciatici) il termine en trombe sur la troisième marche du podium.

Ayant tiré les leçons de sa première année, Christian repart dans le challenge R5 et semble bien parti pour réaliser une belle année, victoire de groupe à la côte fleurie et 1er R5 au Touraine, quand la machine s’enraye. Casse moteur, panne électrique, re-casse moteur la saison finit en calvaire mais Christian persiste. Il repart en 1980 avec la R5 mais lors du rallye de Touraine le moteur casse avant le départ de la première spéciale. Décidé à se séparer de la R5, Christian envisage de rouler en coupe Peugeot 104 quand il découvre le trophée Visa. Il envoie un dossier de candidature et comme dans un rêve, se retrouve titulaire du volant de la Visa trophée de la région Ouest.

Christian débarque donc en 1981 dans un monde où tout est nouveau. Une voiture préparée avec une équipe d’assistance dédiée, un statut envié de pilote presque professionnel, des spéciales sur terre, des rallyes à parcours secret, et enfin un bruit infernal dans la voiture. Il lui faudra se faire violence au début pour comprendre jusqu’où il peut pousser la petite Visa sans risquer de la casser. Régulièrement sur le podium tout le long de la saison, plusieurs fois sur la plus haute marche, il livrera une féroce bataille avec Maurice Chomat dont l’épilogue se jouera dans la dernière spéciale du dernier rallye avec à la clef un volant d’usine pour 1982.

En 1982, la FFSA lance un championnat mixte alternant spéciales sur terre et spéciales sur asphalte. Pas assez puissantes pour jouer les troubles fêtes sur le goudron, Guy Verrier se dit que l’agilité des petites Visa pourrait bien en surprendre plus d’uns sur la terre. Pour les Visa l’expérience est concluante mais pas pour la FFSA qui abandonnera rapidement la formule. En attendant Christian accumule de l’expérience et réalise deux résultats majeurs au critérium de Touraine (4ème scratch) et au rallye des Garrigues (3ème scratch).

En 1983, Guy Verrier conserve ses deux jeunes pilotes pour leur faire découvrir le championnat de Monde des rallyes. Pour les aider, il leur adjoint un pilote expérimenté en la personne de Philippe Wambergue. La saison démarre comme chaque fois par la traditionnelle ronde de Serre-Chevallier, souvent utilisée par Citroën pour les expérimentations. Les trois Visa prototypes trustent les trois premières places et Christian ferme la marche à une étonnante Visa 4x4 bi-moteur conçue dans les ateliers de Laurent Brozzi. Les débuts au rallye du Portugal sont laborieux puisque Christian ne finira même pas la première spéciale, moteur hors d’usage.

Au rallye de l’Acropole, les trois Visa terminent aux trois premières places de leur classe et réalisent un triplé aux 9ème, 10ème et 11ème place derrière les grosses groupe B. AU rallye des 1000 pistes Guy Verrier teste de nouveaux prototypes et Christian se verra confier la Visa M comme Mokrycki qui sera vite affectée de problèmes de suspension hydraulique. Il est engagé ensuite au rallycross de Lohéac au volant d’une Visa à compresseur mais le moteur rend l’âme et c’est donc avec un moteur standard qu’il ne pourra faire mieux qu’une modeste 21ème place.

La fin de saison sera plus souriante. Christian s’engage au rallye d’Armor sur son ex-visa trophée Gr5 reconvertit et termine 3ème du général sous la pluie avec le petit 1235 cm3. Il dispute le trophée Jean-François Piot sur une Visa chrono, trophée remportée par la Visa 1000 pistes, et le RAC en Angleterre. Dans ce rallye aux longues spéciales redoutées et magnifiques, les petites Visa s’en donnent à cœur joie avant que Guy Verrier ne se fâche et demande aux pilotes d’assurer pour ramener les trois voitures à l’arrivée.

La saison 1984 est une saison de transition qui doit ouvrir sur un retour de Citroën en championnat du monde avec une nouvelle voiture issue des nombreux tests réalisés. Les Visa 1000 pistes cette fois ci sont envoyées au Kenya tester leur aptitude aux épreuves les plus difficiles. Deux des trois Visa verront l’arrivée mais pas Christian, victime de l’arrachement d’un demi-train avant dans profonde saignée non annoncée par son copilote. En mai il s’engage à titre personnel au rallye terre de Provence sur sa propre Visa en deux roues motrices puis dispute le rallye de la Baule où la casse du câble d’accélérateur obligera son coéquipier à finir la spéciale en équilibre sur la compartiment moteur.

En juillet a lieu le traditionnel rallye des 1000 pistes. On est à mi-saison, Guy Verrier est confiant dans la mise à disposition d’une BX4TC en 1985, le moral est au beau fixe et Christian termine 8ème au scratch. L’équipe se rend ensuite au rallye des 1000 lacs et ça commence plutôt mal pour Christian dont la boite bloque au point mort dans la 5ème spéciale. Le temps de la débloquer et il repart avec une grosse dizaine de minutes de retard et bon dernier. Perdu pour perdu Christian lâche les chevaux et signe des temps dans les 10 premiers pas très loin des Lancia, Audi et autres 205 T16, pour terminer finalement 18ème.

Le dernier rallye de la saison, le rallye de San Rémo, se finira par une sortie de route et quelques jours plus tard arrivera la mauvaise nouvelle par la voix de Guy Verrier : La BX n’est pas prête, il n’y aura pas de voiture officielle Citroën en 1985.

Christian se tourne alors vers Jean Todt mais chez Peugeot, il n’y a pas de baquet de libre pour des pilotes peu expérimentés. En revanche on est prêt à lui vendre une 205 T16 reconditionnée mais le budget pour une saison avec une telle auto n’est pas accessible pour Christian. Il décide alors de se tourner vers le trophée Visa 1000 pistes, qui est généreusement doté en primes qui permettent de financer une bonne partie de la saison si les résultats sont là. Son objectif est double : s’étalonner face aux furieux des Visa 1000 pistes et gagner.

Avec l’aide de Citroën Ouest il prépare une Visa 1000 pistes. Il remporte le général au terre de Beauce et au terre de Castines, termine 2ème aux Cardabelles, 3ème au Griffon et aux Charentes, 4ème aux 1000 pistes mais malheureusement doit abandonner au terre de Provence sur un problème de pompe à eau. Il finira deuxième du trophée et du championnat de France. Pour Christian c’est une profonde déception. Agé de 32 ans et n’ayant pas les moyens de monter en gamme, il décide de mettre un terme à sa carrière et d’investir dans une entreprise de démolition automobile. Il fera quelques apparitions sur Alfa-Roméo et R5GT Turbo, mais aujourd’hui ses voitures sont radiocommandées, il y joue avec ses petits-enfants, quand il n’est pas à la pêche au bar. La dure réalité d’un retraité ravi de l’être.