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Pilote sur Visa


La photo vous intéresse, contactez Citroën en compétition.

Dunac Jean-François

Principaux résultats

Paris - Dakar 1982:
Abandon après Tombouctou

Avec l'aimable autorisation de Jeff du site www.dakardantan.com

Présentation

En 1980, Citroën Compétition nait et s'installe à Trappes (78).
Guy VERRIER , le responsable de ce département, créé en quelques mois une formule promotion, un Trophée sur Terre en partenariat avec MICHELIN et TOTAL lui permettant de dénicher de nouveaux pilotes talentueux : le Trophée -Visa pour la compétition-.

Pour ce faire, Guy VERRIER décide de prendre chez le constructeur la voiture la moins chère et la plus nerveuse, la Visa Super X et la transformer en 4 mois en un bolide modifié en conséquence :
le poids est passé de 815 à 658 Kg (dont 430 sur les roues avant au lieu des 495 Kg de série) , sa largeur hors tout a été portée de 1, 526 à 1, 556 m, moteur de 115cv, 1284cm3. La Visa est homologable en groupe V (groupe des voitures de production expérimentales qui doit disparaitre en fin de saison).
Il associe toutes les Directions Régionales à cette compétition. Chaque DR se verra dotée d'un véhicule mais sera chargée de l'assistance technique et surtout elle devront recruter localement leur pilote parmi les jeunes pousses talentueuses pour qui le Graal sera un volant dans la toute nouvelle écurie Citroën Compétition pour la saison suivante !.

Pendant que la jeune garde de chez Citroën se livre bataille à coups de Visa Gr.5, Guy VERRIER pense déjà à la saison 82. Surtout que ces Gr. 5 connaissent leurs dernières heures puisque la FIA a prévu la création pour 1982 du Groupe B, en remplacement des groupes 4 et 5. Ce Grouoe B s'adressera aux voitures de Grand Tourisme modifiées et produites au minimum à 200 exemplaires mais sans aucune limite de puissance.

Du coup, Citroën se retrouve avec des Visa Gr5 (11 en tout, mais il faudrait qu’un spécialiste Citroën nous confirme) qui ne peuvent plus courir (certaines seront néanmoins revendues et transformées). Parmi ces voitures, une nous intéresse, celle de la région de Marseille, arrivée en cours de saison et immatriculée 147 DGY 75, qui est donc la 11ème et dernière Visa Gr5 construite par Citroën.

En effet, quand Jeff Dunac rencontre Guy Verrier pour lui demander un véhicule pour le Dakar 1982, la solution la plus simple est d’utiliser une de ces Visa Gr5 qui restent, et plus particulièrement, celle de Raous qui a le moins de kilomètres au compteur. La décision est rapidement prise, les adaptations principales concerneront l’ajout d’un réservoir supplémentaire mais aussi un train avant repensé pour l’Afrique (avec une triangulation de suspension avant intérieure) .

C’est ainsi que l’équipage Chapel / Dunac se retrouve au volant de cette petite Visa le 1er janvier 1982 avec le but clairement avoué de remporter la catégorie 4x2 (la seule encore accessible à l’époque (déjà !) selon Jeff Dunac pour un équipage amateur !).

Le début du rallye se passe plutôt bien… La Visa est légère, affiche un rapport poids/puissance intéressant (même si le réservoir supplémentaire plein fausse un peu la donne). Les principaux adversaires sont bien sûr les buggys en masse sur ce 4ème Dakar (avec Cotel, Sunhill, mais aussi pour la première fois Arnoux…) mais on trouve également les Japonais du Team ACP sur une Carina, Reverchon sur une 504 spéciale, Potherat sur une 505, Vannevel sur une GS….Bref, ils sont presque 20 à viser cette catégorie !

Les premières spéciales africaines confirment le comportement sain de cette petite Visa groupe 5. (Rappelons que c’est la première Visa à s’inscrire sur un Dakar !). Sur les pistes caillouteuses et cassantes d’Algérie, la petite Citroën très légère passe sans difficultés et sur les parties sablonneuses, l’expérience de Jeff Dunac fait le reste. Son expérience lui a permis de savoir que lors de ces passages de sable mou, il faut arriver avec une vitesse suffisante et passer avec le maximum de puissance…il est donc le plus souvent à fond, quitte à tomber un rapport, et a onduler à droite et à gauche afin de trouver de l’adhérence…

Les premiers soucis commencent à arriver lors de la boucle de Gao… La Visa rencontre un souci chronique, les boulons des roues avant se desserrent et bizarrement, c’est la roue avant gauche qui est la plus touchée. Parfois même, l’équipage perd des boulons en roulant et doivent répartir les différents boulons des 3 autres roues sur la 4ème !!!

Inquiet, Jeff Dunac, qui s’est aperçu que les boulons de roues de Visa sont exactement les mêmes que ceux d’une 404, fera même des promenades nocturnes à Motpti et Gao afin de récupérer ces précieux objet sur des véhicules locaux et en avoir suffisamment d’avance, au cas où ! Ces différents incidents ont généré pas mal de retard pour la petite Visa mais elle est toujours en course !!!

Malheureusement, quelques kilomètres après Tombouctou, un incident bien plus sérieux vient à nouveau frapper la petite Visa… Sûrement fragilisée par des pertes de roues successives, c’est maintenant un arbre de roue qui casse et qui immobilise la Visa n°135. Il faut inévitablement changer cette pièce mais il n’y en a pas dans le camion d’assistance, que Jeff et Jean-Pierre ne verront d’ailleurs pas lors de cette spéciale… Aucun regret donc.

Par contre, il faut se rendre à l’évidence, la course s’arrête et c’est l’abandon irrémédiable. Jeff et Jean-Pierre vont du coup se débrouiller pour faire tirer la voiture jusqu’à la concession Citroën de Tombouctou afin d’y laisser la petite Visa, précieusement gardée par le responsable du garage.

Le Dakar fini, ils décident donc de rentrer sur Paris et d’informer Guy Verrier sur ce qui vient d’arriver et surtout, et surtout lui indiquer le lieu où Citroën peut récupérer la voiture ! Ils en profitent également pour faire un débriefing complet sur cette aventure, pour expliquer les points forts et faibles de la Visa, les contraintes spécifiques d’un Dakar. Guy Verrier écoute attentivement et les remerciera plus tard de toutes ces infos confiées… 2 ans après, les petites Visa officielles viendront sur le rallye affutées grâces aux informations de cette première participation !!

Guy Verrier dépêche donc deux mécaniciens de Citroën jusqu’à Tombouctou, avec un arbre de roue dans les bagages ! Ils retrouveront la petite Visa là ou Jeff et J-Pierre l’avait laissée, remplaceront l’arbre de roue et remonteront avec la voiture en France !
Si la réparation avait pu se faire au moment de la panne, nul doute que la 135 aurait pu continuer et affronter les pistes d’Afrique noire sans difficulté, puisque ce véhicule avait d’abord été pensé pour ce genre de terrain ! Du coup, quelques regrets quand même !!!

Quant à la petite Visa, après le Dakar, elle continuera de courir en championnat de France de rallye sur terre aux mains de divers pilotes, dont notamment Michel Onorato et Georges Michal...