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Pilote sur Traction


La photo vous intéresse, contactez Citroën en compétition.

Tombeur Michel

Principaux résultats

Rallye Paris-Dakar 1982:
Abandon suite accident avec un Pinzgauer à Hassi-Messaoud

Avec l'aimable autorisation de Jeff du site www.dakardantan.com

Présentation

Au tout début des années 80, c’est l’explosion de la bande FM. Jusqu’à présent pirates, les petites radios deviennent libres et c’est l’explosion de radios locales, permettant la création d’émissions multiples, variées et disparates.
C’est dans ce contexte qu’un certain Dominique Chauvelot crée une émission qui allie musique et sports mécaniques, traitant ainsi toutes les disciplines (Auto, moto, bateau, ulm, karting….)

Pour ce faire, il s’entoure de vrais professionnels, journalistes pour la plupart mais aussi parfois un vrai palmarès sportif. C’est ainsi que feront partie de l’équipe Thierry de Saulieu, Eric Saul, Rémi Louvel, Corinne Koppenhague, Etienne Batifoulier, Jp Boulmé, Marido, Daniel Adrian entre autres. Rock’M Roule (c’est le nom de l’émission de radio , puis d’un magazine issu de l’émission) était né, diffusé et relayé sur le territoire par la radio TSF.

Dans cette équipe, se trouve également Michel Tombeur. Michel a déjà un petit passé de pilote car il a participé à plusieurs rallye, dont certains en Afrique, comme le rallye d’Algérie de J-C Bertrand

A cette époque, le Dakar est en train d’exploser en terme de renommée et d’ailleurs, Thierry Sabine sera l’un des invités de Rock’M Roule lors d’une émission. A l’occasion de cette rencontre, Thierry et Michel discutent du rallye et l’idée de participer à l’édition 82 commence à germer dans l’esprit de Michel Tombeur.

Marqué par la participation de la Rolls, Michel rêve d’un projet dans le même esprit. Créer un véhicule absolument pas pensé ni pour la compétition, ni pour l’Afrique, et le transformer pour en faire un véhicule capable de gagner le Dakar !!!

Il en parle à l’un de ses amis, garagiste près de Tours, Claude Margottin. Sa première réponse est que pour gagner le Dakar, il faut des suspensions hydrauliques ! De fait, le choix se porte immédiatement sur Citroën. Et puisqu’il faut un véhicule original, marqué de luxe et de raffinement, le choix se porte tout naturellement sur le cabriolet Traction, qui évoque le cabriolet roadster présenté par Citroën vers l'année 1938. Michel apporte le budget, Claude s’occupe de la préparation.

Claude, à partir de ce moment-là, va passer ses jours et ses nuits à concevoir, fabriquer, construire le véhicule pour l’édition 82 du rallye. Adapter un vrai cabriolet étant impossible (pour des raisons techniques et financières !), là encore, l’aventure Rolls va servir de modèle. Ils vont créer une carrosserie de Traction en résine et la poser sur un châssis existant.

Pour ce faire, ils vont acheter une DS21 d’occasion et adapter le châssis aux dimensions du cabriolet Traction. Du coup, il faut raccourcir le tout de 40cm et renforcer à la méthode TISSIER, comme ont pu l'être les protos DS de Trautmann par exemple.

Le moteur, quant à lui, est aussi tiré d'une DS 21, le 2,3l de près de 150cv. La culasse est retravaillée, préparée au Microlon, l'alimentation est elle aussi préparée avec la présence de deux carbus Weber.
La boîte a 5 rapport et l'embrayage provient d'une SM (On reste fidèle à Citroën!).

La carrosserie quant à elle sera réalisée en résine et posée sur le châssis porteur. Le tout frôle les 600kg, autant dire que le rapport poids/puissance est fantastique. (Michel m’a confié que la voiture avait un couple exceptionnel et qu’il avait réussi à franchir des dunes malgré ses deux roues motrices sans difficultés !)

Il aura fallu des centaines d’heures et de nuits blanches pour concevoir cette Traction mais le 1er janvier 1982, elle est bel et bien présente au départ de la 4ème édition du Dakar.

Michel a également confié son Datsun Patrol personnel à 3 mécanos qui serviront d’assistance pour l’aventure ! (Pour la petite histoire, le Patrol était chargé de près de 40 sphères de suspension Citroën car l’équipe se doutait que ce serait le point faible de la voiture !!!).

Très vite, la petite Traction attire les regards et Max Meynier sera l’un des premiers journalistes à interviewer l’équipage à la sortie des vérifications techniques !

Si le début de la course, les deux prologues à Olivet et des Garrigues, se passent sans soucis, les ennuis vont commencer lors de la première spéciale algérienne, le 4 janvier, entre Alger et Ouled-Djellal.

La voiture marche très fort !!! Michel se rappelle qu’il pouvait rouler sur les pistes cassantes d’Algérie à près de 150/160 km/h ! La Traction était une fusée !!! Néanmoins, à ce rythme, le reste de la voiture avait du mal à supporter les contraintes du terrain, notamment, les fameuses suspensions hydrauliques. La voiture décollait à chaque bosse et les réceptions mettaient à mal les sphères ! A tel point, qu’à la réception d’un saut encore plus spectaculaire que les autres, l’une d’entre elles explosa et vint soulever le capot ! Qu’à cela ne tienne, l’assistance en a à l’arrière du Patrol, la voiture sera réparée.

Le lendemain, l’étape suivante mène le rallye à Hassi-Messaoud et ses fameuses torchères. Là encore, Michel attaque très fort… Tout se passe plutôt bien jusqu’à ce que, au passage d’une dune un peu plus importante, la Traction décolle et vienne percuter l’arrière du Pinzgauer de Pierre Laville…. Attention, pas le pare choc arrière mais le sommet arrière du Pinz !

Là, c’est plus grave, l’avant de la voiture est touché et le moteur aussi. L’équipage réussit à rejoindre Hassi-Messaoud mais les dégats sont trop importants pour pouvoir prétendre à continuer le rallye en course. Les soupapes et la culasse ont été touchées dans le choc et si la voiture roule encore, la bête est blessée et ne peut continuer.

Du coup, l’équipe décide d’abandonner et de remonter par la route jusqu’à Alger, la Traction pilotée par Claude Margottin et le Patrol d’assistance suivant, en St Bernard. De retour en France, Michel a récupéré son Patrol mais la vie a fait qu’il n’a jamais revu la voiture. D’ailleurs, personne ne sait vraiment encore à l’heure actuelle où elle est. La carte grise étant celle de la DS ayant servie de base à la transformation, la Traction était immatriculée dans le 37 et du coup, propriété de Claude Margottin. Qu’est-elle devenue, existe-t-elle encore, mystère !