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Pilote sur SM - DS/ID - Traction


La photo vous intéresse, contactez Citroën en compétition.

Trautmann René (2)

Principaux résultats

Voir TRAUTMANN René (1)

Un grand merci à son fils Henri, pour la rédaction de ce texte que je n'ai que très légèrement retouché.

Présentation

Tour de Corse 1961 ( disputé alors en novembre ), la neige a envahi le paysage …et les routes, surprenant les 72 concurrents de l’épreuve. Dans le col de Vergio recouvert de 30 cms. de neige, plus personne n’arrive à avancer. Plus personne … si, deux équipages, Trautmann-Ogier et Bianchi-Harris, qui aidés par la suspension haute de leurs DS, avancent avec difficulté, car il n’y a pas que la neige, les arbres tombent sur la route. En unissant leurs forces, les 4 hommes franchissent toutes les embûches et René Trautmann est déclaré vainqueur devant Bianchi, un triomphe pour Citroën ! Cette victoire assied définitivement la carrière de Trautmann qui a démarré à peine quelques années auparavant.

Car c’est sur le tard que René Trautmann, installé à Grenoble, s’intéresse à la compétition automobile. En effet, il a près de 30 ans quand son copain Alonzo, garagiste à Grenoble l’entraine dans sa 203 à compresseur pour un Rallye Neige & Glace qui ne restera pas dans les annales. Quelques tentatives en 4 CV, trop fragile, un rallye de l’île de Beauté en traction (rallye de doublure du tour de Corse qui se soldera par un abandon), puis René arrête son choix sur une ID 19.

Après avoir essayé l’ID transformée par Ricou, concessionnaire à Chambéry, Trautmann demande à son ami Alonzo d’améliorer son auto personnelle. Excellente idée : au Neige & Glace 58, René finit second face à une forte concurrence, Cotton ( Mercedes 300 SL ), Oreiller ( Alfa ), Guichet, Storez, Balas, …Devant cette performance, Ricou va lui confier des autos et Trautmann entre dans le grand bain, quitte son métier de photographe.

En 1959, René Cotton crée un Service Compétition au sein de l’écurie Paris île de France (qui deviendra Citroën en 1965) et, impressionné par ses performances au Monte-Carlo, confie des DS à René Trautmann. Entretemps André Ricou avait convaincu le Grenoblois de choisir plutôt des DS que des ID : « il n’y a que 2 pédales, un pied sur l’accélérateur, un sur le frein, c’est plus simple ».

1960, surtout des accessits : courant deux lièvres à la fois ( Championnat de France, Championnat d’Europe ), il finit second des 2 championnats, tout en remportant le Critérium des Cévennes et obtenant une 1ère Coupe des Alpes. Monte-Carlo 1961 : au chrono, Trautmann remporte largement le rallye, malheureusement c’est l’époque des indices de performances, et les Panhard ( faible cylindrée ) monopolisent le podium. Une belle perf’ : 2ème de groupe aux Mille Miglia devant BobNeyret, Guy Verrier et Pauli Toivonen (tous en Citroën ). Puis une nouvelle Coupe des Alpes remportée en finissant 5ème au scratch, et enfin, ce Tour de Corse 61 connu de tous les Citroënistes : relaté plus haut, l’exploit de 4 hommes ( Trautmann, Ogier, Bianchi, Harris ) qui, bien aidés par leur suspension hydraulique, terminent 1er ( Trautmann ) et 2ème ( Bianchi ).

Neige & Glace 62 : victoire au scratch. Sur la neige il a fait de tels temps qu’on le surnommera désormais « le Roi René ». Cette saison 62 sera magnifique : victoires en Tourisme aux Routes du Nord, au Critérium Alpin, au Mont-Blanc, au Fleurs et Parfums, au Mistral, aux Cévennes, au Rallye d’Allemagne, plus une 3ème place en Grèce, une 8ème en Corse et une nouvelle Coupe des Alpes.
1963 commence mal au Monte-Carlo, bloqué par les congères de neige en Yougoslavie mais il prend vite sa revanche : victoires en tourisme aux Routes du Nord, Lorraine et Mont-Blanc, assorties de victoires au scratch au Charbonnières, au Fleurs et Parfums et surtout au Tour de Corse où il fait taire ceux qui n’avaient pas été convaincus par sa victoire en 61. Une seconde place aux Cévennes ( derrière Jo Schlesser et sa Cobra ) lui suffit pour remporter le titre de Champion de rance.

1964, les relations entre les deux René ( Cotton, Trautmann ) se sont détériorées. Trautmann est devenu plus exigeant, Cotton entend rester celui qui décide de tout. De plus Ford et Lancia font au nouveau Champion de France des propositions que Citroën ne peut suivre. René choisira Lancia. Quelques beaux succès avec ce nouveau constructeur, victoires en 1964 au scratch au Charbonnières, au Critérium Alpin, au Mont-Blanc, au Rallye de Lorraine et à la Coupe des Alpes 65. René met fin au contrat Lancia en 69 et revient à ses premières amours, Citroën.

Londres-Mexico 1970, Citroën n’est pas officielement engagé mais, Neyret, Claudine et René Trautmann décident de s’engager sur leurs DS 21 personnelles ce qui amènera René Cotton à s’investir dans les reconnaissances et l’assistance de cette longue épreuve. René Trautmann finit la partie européenne en tête devant les Ford Escort d ’Hannu Mikkola et Roger Clark. Mais une note mal comprise dans l’épreuve de Rio de Janeiro enverra la DS dans le décor.

En 71, René est engagé par Citroën au Neige & Glace sur une DS proto ainsi que Bob Wollek. Cotton demande à Trautmann de tester les 2 protos ( une DS verte, une DS bleue ) qui n’ont pas la même préparation. Résultat, René déclare qu’il préfère la verte, que Cotton attribuera à Wollek ( 27 ans, dont c’était le 1er rallye ) ! Fou de rage, Trautmann refuse de prendre la DS bleue et demande aux mécanos de préparer sa DS de reconnaissance pour participer : un arceau, les bonnes plaquettes de frein et c’est parti ! A 44 ans, un de ses plus beaux exploits : victoire en Tourisme de série, mais surtout 4ème au scratch et une épreuve spéciale remportée devant Porsche et Alpine d’usine ! Une formidable façon de boucler une carrière remarquable.

On retrouvera de façon anecdotique René Trautmann au départ du Monte Carlo 1972 où faute de pneumatiques adaptés et à de nombreux bris de cardan, il finira par abandonner. Enfin, au début du Paris-Dakar, René Trautmann conduira en 1980, un Land Rover d’assistance des scooters Piaggo qu’il ramènera à Dakar mais non classé, et retentera l’expérience en 1981 sur le même engin sans plus de succès.