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Pilote sur DS/ID


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Orsini Pierrot

Principaux résultats

1957:
Rallye de l'île de beauté : 2ème
1958:
Tour de Corse : 5ème

Présentation

Pierre Orsini est l’un des pilotes insulaires, si ce n’est le pilote insulaire, les plus célèbres à l’instar des Patrick Bernardini, Jean Pierre Manzagol, Yves Loubet, Claude Balesi ou encore Alain Serpaggi. Il est en tout cas le seul à avoir un palmarès comprenant trois victoires dans l’épreuve fétiche du Tour de Corse (1959, 1962, 1965), certains rajouteront même une quatrième victoire morale en 1964.

Son palmarès a été essentiellement acquis sur des voitures de la régie Renault, Dauphine, R8 Gordini, Alpine. En dehors du Tour de Corse, il participe à plusieurs éditions du Critérium des Cévennes, de la Coupe des Alpes, du Tour de France, toujours avec le même coéquipier Jean Canonici. Pour autant, si cette belle carrière a été possible, c’est grâce à la marque aux chevrons, comme il le raconte dans son livre aujourd’hui épuisé, -mes quinze ans de rallyes-.

Tour de Corse 1957 – rallye de l’île de Beauté :
Le deuxième Tour de Corse approche et sans grande conviction je dis à mon père que j’aimerais faire le Tour de Corse. Je lui précise que j’ai pris les temps des meilleurs de l’Automobile Club, et que je vais aussi vite. Je m’attends à un refus, mais il me demande quel est le budget ? Je lui annonce un ou deux trains de pneus avant, un jeu de plaquettes de frein, quelques centaines de litres d’essence et l’engagement, soit quinze mille francs.
Je n’en reviens pas car je suis un passionné de vélo, j’aurais aimé faire des courses mais mon père n’a jamais voulu m’acheter un vélo de course, estimant que ce sport était dangereux.

La règlementation l’époque nous oblige à participer à un rallye national, nous prenons donc le départ du rallye de l’île de Beauté. Cette épreuve part derrière le Tour de Corse et comporte 932 km au lieu de 1200. Nous avons le numéro 212, nous sommes 16 au départ et seront 6 à l’arrivée. Sur les 16 tronçons à moyenne imposée, nous passons à 0 sur 10 d’entre eux. Nous prenons 6 minutes sur Porto-Corte, 1 sur Kamiesh-Zonza, 4 sur Aullène-Ghisoni et 1 sur Ghisoni-Vizzavona. Nous terminons deuxièmes derrière une Triumph TR3 et devant la Traction 15/6 de Simonetti-Fombelle.

Dans la descente de Morosaglia vers Ponte-Leccia, la route est mouillée et glissante, je fais ma première touchette qui sera la seule de mes 14 Tour de Corse. L’aile avant frotte sur le pneu. René Simonetti s’arrête et nous essayons en vain de redresser l’aile. René me dit de mettre en position haute, ce qui nous a permis de rejoindre une station-service à Ponte-Leccia où l’aile sera en partie redressée, mais nous écopons de 20 minutes de pénalisation. Les ennuis continuent sur Corte-Saint Antoine où nous crevons à l’arrière gauche. Nous prenons 10 minutes de pénalisation pour ne pas avoir réussi à débloquer l’écrou central rapidement et en dépit de ces pénalisations, nous finissons à trois minutes de la Triumph du vainqueur.

Peu après l’arrivée, Mr François Landon, responsable du service course chez Renault, étonné par les temps réalisés, me proposa un volant pour l’année 1968. Habitué aux tractions avant et un peu inquiet à l’idée de conduire une Dauphine traction arrière, je refusais.

1958
A ma demande, mon père remplace sa DS19 par une ID19. Je pense qu’une boite mécanique sera plus efficace mais c’est une erreur. L’ID a moins de chevaux, freins et direction non assistés. Victime de crampes aux bras et aux jambes, je serai pénalisé sur la fin du parcours. Bien entendu je repars avec Jeannot Canonici, d’un calme étonnant et capable d’utiliser le siège couchette pour récupérer malgré les conditions.

Lors des essais nous déjeunons à Patrimonio dans un restaurant où nous retrouvons 4 équipages de DS. René Trautmann, jean Dellière, Lafrabrie, René Simonetti tous engagés dans des groupes différents. Bien entendu nous parlons temps et pénalisations, Trautmann un des meilleurs rallyman de l’époque est sceptique et sourit quand je lui dis que je pense finir avec 2 ou 3 minutes de pénalisation. Nous sommes au pied de la course de côte de Teghime et il me demande, tu fais combien ? Je lui annonce environ 7minutes 8 et il rigole et me propose de lui montrer. Il s’installe à gauche, prend le chronomètre, et malgré la route ouverte je réalise un temps très proche de celui annoncé. De retour au restaurant il me taquine et déclare, voici le futur vainqueur du Tour de Corse. Tout le monde rigole sauf moi.

Lors de la course, sur la fameuse course de côte de Teghime, Trautmann réalise 6 minutes 26, nous terminerons en 7 minutes 3. A la fin du jour, notre ID est toujours en course à Ajaccio, mais nous ne sonnes plus que 15 équipages non pénalisés. A Porto Vecchio, les pneus avant sont sur la carcasse métallique et un inconnu nous sauvera en nous prêtant deux roues. A Zonza, à environ 150 kilomètres de l’arrivée, nous ne sommes plus que cinq équipages non pénalisés. Nous serons départagés par la dernière épreuve où seul Ferret sur Dauphine (futur vainqueur) fera mieux que nous. Nous sommes deuxièmes mais le responsable du contrôle de Zonza nous colle une minute de pénalisation, malgré nos protestations, suite à un problème de stylo.

Sur les 100 derniers kilomètres, les crampes et la fatigue nous font prendre 5 minutes de pénalisation supplémentaires et nous finirons finalement 5ème derrière 4 Dauphines. Le moteur de l’ID sera entièrement démonté pour vérification et le commissaire technique deviendra bien convenir que tout est conforme et de série. Mr Landon nous invite au grand café d’Ajaccio où nous fêtons la victoire des 4 Dauphines qui nous précèdent. Il me propose à nouveau un volant pour 1959 et sur les conseils de Claude Storez (Champion de France), j’accepte et bien m’en prend puisque je remporterais le Tour de Corse 1959.

L’équipe écrira : je constate que le petit Orsini, magnifique de cran et d’audace, connaissant mieux que personne les routes de son pays natal, a conduit seul l’ID 19 classée 5ème derrière 4 Dauphine. Il fût lui aussi pénalisé sur la fin du parcours.

Pierre Orsini s’éteindra en 2018, sa dernière apparition sportive aura lieu en 2010 lors de la sixième édition du Tour de Corse historique.