Berenguer Jean-François ,(1)

Présentation

Lorsqu’il s’installe pour la première fois dans le baquet de droite en 1984, Jean-François Berenguer est loin de se douter que quelques années plus tard il s’assiéra dans le baquet de gauche pour une carrière de près de 35ans. Il devra en effet attendre 1987 pour s’acheter sa première voiture, une Opel Manta choisie par opportunité sur une vente par annonce. Une voiture qui va le suivre jusqu’en 1990 et sur laquelle ne va pas tarder à apparaître un sponsor qui sera longtemps sa marque de reconnaissance, le 3615 Body, site pour adulte de la grande époque du minitel.

Il remportera au volant de la Manta son premier classement scratch au rallye du Fenouillèdes 1989 et la remplacera en 1990 par une plus moderne Ford Sierre RS Cosworth groupe N. Même si cette nouvelle voiture lui permet de remporter encore le rallye du Fenouillèdes en 1991, il n’en gardera guère un grand souvenir de par son côte beaucoup trop aseptisé et son moteur moins musical que l’Opel qui la précédait. C’est à cette période que sa copilote, qui a déjà couru sur cette surface, lui suggère d’aller faire une saison de championnat de France sur terre.

Jean-François se porte donc acquéreur de la Visa 1000 pistes de Olivier Deville et se lance à la découverte de la terre. Il y trouve également une ambiance plus convivial et va très rapidement se mêler à la bagarre pour la classe F14 puis F11 des Visa. S’il n’est plus question de lutter contre les Lancia Delta HF, la lutte est âpre pour les places d’honneur entre un groupe de pilotes parmi lesquels Jacques Soulié, Frédéric Gervoson, Kim Vatanen (fils de Ari), Jean-Luc Morel, Christian Jean, Serge Raymond ou Alain Auvray. Il conservera la Visa trois saisons, remportant à son volant l’épreuve régionale du terre de Narbonne . En 1984 il se classera 5ème du championnat de France sur terre et remportera également le classement national de la ronde cévenole (doublure nationale du rallye des garrigues) au volant d’une Visa trophée empruntée à son ami André Tarrago.

En 1995, retour sur l’asphalte mais cette fois au volant d’une Clio Williams au volant de laquelle Jean-François joue le Poulidor au rallye du Fenouillèdes, au Cabardès et au cigalois, mais ne laisse à personne le soin de remporter la classe, ne cédant le groupe que face aux survitaminées BMW M3. En 1996, Jean-François rejoint le trophée ZX groupe A au volant d’une voiture préparée chez PH sport. Dans ce trophée où toutes les voitures sont réputées identiques, il terminera quatrième derrière Patrice Rouit, Alain Pellerey et Philippe Corneau, en dépit de trois abandons sur les 7 épreuves retenues. Lorsque ses occupations le lui permettent, il ressort la Clio histoire de glaner encore quelques victoires de classe.

L‘année 1997 sera une copie conforme de 1996 marquée par de nombreux abandons avec la ZX et une modeste 7ème place au trophée. Grâce à la Clio, il remporte le rallye national de la Luronne et surtout, apparaît en fin de saison une voiture, qui se trouve encore aujourd’hui dans son garage, la Saxo Kit Car. Ce trophée va voir s’affronter de nombreux pilotes aux coups de volants reconnu comme Daniel Forès, Fabien Véricel, Alain Pellerey ou Patrick Henry. C’est aussi ce trophée qui permettra à un certain Sébastien Loeb de confirmer ses capacités et de connaître la carrière qu’on lui connait. En 1998 Seb et Jean-François se partagerons les victoires à une exception près mais c’est Jean-François qui remportera la timbale.

En 1999, Jean-François sera accablé par de nombreux soucis techniques et ne pourra défendre ses chances. Néanmoins ses passes d’armes avec Seb qui se dérouleront dans un bon esprit toute la saison, feront le bonheur de la presse sportive. Ce sera au tour de Seb de décrocher la timbale et d’obtenir son premier volant d’usine en 2000. De son côté Jean-François ne laissera à personne, grâce à une fiabilité retrouvée, le soin de remporter l’édition 2000 en remportant 35 des 74 épreuves spéciales parcourues en 7 rallyes. En marge du trophée saxo, Jean-François disputera le rallye Terre des Cardabelles 1998 sur une Subaru groupe N de chez Cilti avec laquelle il remportera haut la main son groupe.

En 2000, en marge du trophée Saxo, Jean-François court sur terre sur une Mitsubishi Lancer dont il ne garde pas un bon souvenir. Elle sera revendue début 2001 après un rallye du Portugal de triste mémoire. Pour cette édition très pluvieuse ; Jean-François prend le départ avec des nouveaux pneus Michelin, en dépit des conseils de Sébastien Loeb qui les jugeait peu fiable en maintien latéral. De fait le rallye s’arrêtera dans la première spéciale dans un fossé dont la mitsubishi n’a jamais pu être extraite dans les délais impartis.

En 2001, le trophée Saxo s’arrête et Citroën sort une nouvelle arme pour le championnat de France S1600, la Saxo S1600. Ce championnat sur 5 épreuves comprend des épreuves sur asphalte et sur terre. Après un mauvais début de saison avec deux abandons, Jean-François remporte les trois manches suivantes mais devra s’incliner derrière Eric Fabre plus régulier. Pour courir près de chez lui, Jean-François acquiert une ancienne Renault Mégane avec laquelle il gagne à chacune de ses sorties sauf quand la mécanique le trahit (3 victoire au rallye des hauts cantons, de la montagne noire et de la Viadène).

En 2002, le championnat S1600 et reconduit et l’arrivée des Clio et Puma en renforce l’intérêt. Contrarié par deux abandons et des incidents techniques qui l’empêcheront d’exploiter pleinement la Saxo, Jean-François terminera modestement 6ème d’un championnat remporté par Brice Tirabassi. En 2003 Jean-François se tourne vers une Clio S1600 louée chez Baroso. A priori un bon choix puisque deux Clio seront en haut du classement mais la sienne sera un cran en dessous de la concurrence et il se classera finalement 5ème.

L’année 2004 sera relativement légère en termes de participation. Jean-François joue le rôle de pilote-essayeur sur une Peugeot 306 XSi de chez AB Sport avec laquelle il sera en tête du rallye du pays viganais avant que la boite ne rende l’âme. Il dispute trois autres rallyes avec la Saxo kit car et en profite pour remporter le classement général du rallye national du Val d’Agout. Les années 2005 à 2007 seront des années BMW. Au volant d’une M3 E30, Jean-François remporte pratiquement tout les rallyes qu’il termine mais devra beaucoup abandonner. Il fera quelques piges en championnat de France avec la Saxo S1600, une C2 S1600 ou une Clio S1600 préparée chez PH Sport.

Les années suivantes le programme de Jean6François sera très allégé avec même une année sabbatique en 2009. Il dispute quelques courses au volant d’une C2 S1600 en 2008, et une C2 R2 max en 2010. Une petite auto qui ne manquait pas d’attraits face aux autres Super 1600 avec laquelle il terminera même sur le podium scratch du rallye du Rouergue. En 2011, il rachète une Mégane maxi ex Patrick Rouillard, voiture officielle de Renault Belgique conduite par Bernard Munster au sein du Belga team. En deux saisons avec cette voiture, Jean-François va remporter la bagatelle de 7 victoires scratch avant de la revendre fin 2012 et de la regretter encore aujourd’hui.

En 2013, Jean-François investit( dans une Suibaru Impreza WRC préparée chez Barbara. Il remporte le rallye du Vallespir mais sort au rallye de Lozère alors qu’il menait également le classement général. Encore pas tout a fait remis d’une opération chirurgicale, un instant de moindre attention lui sera fatal. A partir de 2014, Jean-François se tourne vers le VHC, espérant y retrouver une ambiance plus conviviale. Au volant d’une Ford Escort il s’impose au rallye du Maroc avant de renoncer au tour de Corse sur sortie de route suite à une erreur d’interprétation sur la retombée d’une bosse. A la demande de Michel Enjolras, il dispute un rallye régional au volant d’une petite Saxo afin de valider la configuration N2S tout juste mise au point.

De 2015 à 2017, Jean-François ne courre que des épreuves historiques au volant d’une Opel Manta 400, pas assez développée à son goût et d’une BMW M3 avec des résultats en dents de scie. Il retrouvera le championnat classique en 2018 au volant d’une BMW 318 Compact en groupe F2000 ainsi qu’au volant d’une Clio R3 au rallye de Balagne à l’invitation d’un copain corse. C’est en 2019 qu’il renoue avec le succès en remportant le rallye Costa Brava historique. Il ressort également cette année là la Saxo kit car avec laquelle il remporte sa classe au rallye de la montagne noire. Après une année blanche en 2020, COVID oblige, Jean-François revient en 2021 avec un programme mixte et c’est avec la toujours vaillante Saxo qu’il obtiendra deux victoires de classe.

En 2023, deux nouvelles montures vont rejoindre l’écurie de Jean-François. Une Clio RS Ragnotti , petite F2000/14 pour les épreuves sur routes classiques, et une Ford Escort RS 1800 MKII pour les épreuves VHC. Il remporte avec la Ford le critérium des Cévennes historique 2022 et truste les podium en VHC en 2023. Aujourd’hui Jean-François hésite sur la suite de sa carrière. Il garde au chaud la Saxo et la Ford mais attend que l’envie revienne après presque 40 ans de participations. Il se souvient avec nostalgie des années fabuleuses des trophées Citroën, aux bagarres équitables sous le contrôle de la marque, et à l’ambiance cordiale qui régnait et n’empêchait pas les explications furieuses sur la route.