La photo vous intéresse, contactez Citroën en compétition.
1976 :
Rallye champêtre de Nancy : Abandon (Avec Benoit Bizet)
1977 :
Terre de Beauce : Abandon (Avec Benoit Bizet)
1978 :
Rallye champêtre de Nancy : Abandon (Avec Fontenas ?)
Rallye plaine et vallées : Abandon (Avec Nuz Daniele)
Rallye Infernal : Abandon (Avec Barnier ?)
1979 :
Ronde TT de l’île de France : 27ème, 19ème groupe, 12ème classe (Avec Michaël Wilm)
1980 :
Rallye Paris-Dakar : Abandon (Avec Benoit Bizet)
1981 :
Rallye Paris-Dakar : Abandon (Avec Philippe Quentin et Pierre Darmandraille)
1983 :
Rallye Paris-Dakar : Abandon (Avec Michaël Wilm)
Tout le monde a en mémoire dans le petit monde citroëniste ce pick-up DS du rallye Paris-Dakar 1980 maintes fois cité dans la presse automobile et reproduit à l’échelle 1/43ième. A son volant, celui qui fut à l’époque l’un des plus jeune pilote à participer au Dakar, Bertrand Roncin, directeur d’une société d’export, qui a bien voulu nous raconter l’histoire de ce pick-up et aussi le reste.
L’histoire remonte en 1976 lorsqu’il était étudiant en mécanique automobile à la faculté d’Orléans. La faculté d’Orléans met à disposition du club mécanique trois box au sein desquels les étudiants peuvent laisser libre cours à leurs envies. Au sein du club mécanique, Bertrand fait la connaissance d’une bande d’étudiants de la même filière que lui qui faisaient pendant leurs week-ends l’assistance d’un pilote de rallyes tout-terrains (Pierre Schimpf ndlr). En leur compagnie il découvrira les joies et les déboires de faire l’assistance pour la Porsche de Thierry Sabine, Philippe Dagoreau et Jean-Claude Andruet aux 24 heures du mans cette même année. Parmi cette bande de copain, Michaël Wilm, Benoit Bizet ou encore un citroëniste convaincu Philippe Quentin.
Quand il s’agit de se lancer à son tour dans le grand bain, Bertrand va se tourner vers une Citroën DS que l’on trouve pour des prix modestes dans toutes les casses. La première sera même fournie par Philippe Quentin qui réussit à récupérer la vieille DS de Papa. La DS par son encombrement n’était pas très adaptée aux rallye tout-terrains qui empruntaient souvent des chemins étroits en sous-bois et il est rare qu’elle arrive sans avoir perdu plusieurs ailes et ou portières. Après avoir usé la voiture du papa de Philippe puis une deuxième caisse de 1962, Bertrand se dit qu’il pourrait s’inspirer de ce que Citroën avait tenté en se tournant vers une DS raccourcie.
Bertrand va donc dans un premier temps racheter un proto violet existant et courant aux mains d’un certain Letousey. Un prototype à l’esthétique discutable mais que l’on verra notamment à la ronde TT de terres de Beauce 1977. Par la suite, Bertrand va racheter un autre coupé DS appartenant à François Naillet et reconnaissable à son pot d’échappement de Goélette Renault sur le toit. Ce proto sera utilisé en 1978 mais, ayant déjà une longue carrière derrière lui, son seuil de résistance finira par être atteint. En quête d’un nouvel engin pour courir, Bertrand prend possession d’un Break DS.
La troupe du club de mécanique se met au travail pour sérieusement réduire la longueur du break. Ayant tiré un retour d’expérience des courses en DS, ils décident également d’élargir la partie arrière du break afin d’avoir des écartements de voies identiques à l’avant et à l’arrière, le poste de soudure va chauffer. Cette modification fait suite à un tête à queue réalisé entre deux haies lors du rallye Terre de Beauce. Ce mini break va faire ses armes lors du rallye plaines et vallées en 1978 et à la rallye TT de l’île de France en 1979. Il montre certaines aptitudes mais étant encore un peu lourd, Bertrand décide finalement de le transformer en pick-up avant de l’engager au rallye Paris Dakar 1980.
C’est donc le bien connu pick-up blanc et vert qui se présente au départ du rallye Paris- Dakar 1980 . Le proto se comportera bien jusque dans le sud de l’Algérie, dans le Tanezrouft où le moteur montrera des signes de surchauffe. Bertrand entreprend de déculasser la bête au milieu d’une tempête de sable mais au remontage un boulon de culasse cède. Par soucis de préserver la mécanique, Bertrand décide de renoncer et de rentrer tranquillement par la route. Ce n’est que plus tard lors de travaux mécaniques que Bertrand s’apercevra que les boulons en questions sont les mêmes que ceux qui tiennent les sièges ce qui aurait pu lui permettre de continuer.
En 1981, le proto toujours soutenu par les peintures Astral reçoit une nouvelle livrée rouge et jaune d’une peinture spécifique que certains auront pu admirer au salon Rétromobile. Il bénéficie d’une configuration inédite puisqu’un troisième siège baquet a été installé. Positionné légèrement en retrait, il permet à un troisième passager d’embarquer et ce baquet sera occupé en dernière minute par un photographe du nom de Pierre Darmandraille (dont Bertrand ne verra jamais les photos). Le proto 1981 n’ira pas beaucoup plus loin que son prédécesseur après avoir été mis hors course suite au retard accumulé lors de nombreux ensablement. Bertrand et ses coéquipiers suivront néanmoins l’itinéraire du rallye jusqu’à Bamako au Niger avant de mettre le pick-up sur un train et de rejoindre Dakar à la vitesse folle de 20 km/h.
De retour à Paris les discussions vont bon train et les compères s’accordent sur le manque de capacité de franchissement du pick-up. Trop chargé à l’avant, le pick-up avait une tendance naturelle à piquer du nez dans le mou et s’ensabler ou nécessitait d’attaquer trop vite les zones de sable pour pouvoir passer. L’idée qui surgit de la discussion est de partir sur une sorte de Buggy avec un moteur en position arrière qui devrait s’avérer plus agile dans les dunes. Le cocktail va naître dans le garage de Philippe Quentin en prenant un avant de CX et un châssis tubulaire pour l’arrière. Côté trains on prend un train de CX derrière et un train de GS devant et côté moteur un 2500 D de CX. Pour dissimuler le moteur on fait appel à un arrière de Lotus Europe et on implante les réservoirs de chaque côté de l’habitacle dans la structure. Ultime luxe, un pont de BMW sur les roues avant, couplé à un volant moteur de 2cv et mu par un démarreur de CX, permet de transformer le buggy en 4 roues motrices en cas d’ensablement.
Ce buggy fait ses débuts au rallye Terre de Beauce 1982 afin de validité les solutions techniques retenues avant de tenter à son tour l’aventure du Paris Dakar. Il ne subira qu’une seule modification, l’adoption d’un train avant de CX en lieu et place de celui de GS. Bertrand part cette fois avec Michaël Wilm et Michel Quentin les suit comme copilote d’un Range Rover qui transporte les pièces nécessaires à l’assistance du buggy. Le Buggy se comportera très bien, dépassant de nombreux concurrents à chaque étape. Malheureusement à la fin de l’étape Illizi-Djanet, le propriétaire du Range Rover décide de se retirer de la course. Sans assistance il n’est pas possible pour Bertrand de continuer et il doit se résoudre à abandonner. Ce sera sa dernière apparition en rallye raid pour se consacrer à sa société. Les deux véhicules sont toujours au chaud dans un garage, même si le temps a passé, on sent que l’envie de se dégourdir les jantes n’est pas loin.