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Pilote sur DS/ID


La photo vous intéresse, contactez Citroën en compétition.

Jautzy Frédéric

Principaux résultats

1970 :
Rallye de Kabylie – n°28 : 1er scratch
Rallye du Maroc – n°59 : 7ème scratch, 2ème groupe, 1er classe
1971 :
Rallye du Maroc – n°19 : Abandon
1972 :
Rallye du Maroc – n°22 : Abandon
1973 :
3 heures d’Alger– n°28 : 5ème scratch, 1er groupe et classe
1976 :
Rallye du Maroc – n°65 : Abandon

Présentation

Voilà 70 ans que Frédéric Jautzy est titulaire du permis et aujourd’hui, à plus de 90 ans, il prend encore plaisir à parcourir des distances conséquentes au volant de sa voiture. Tout a commencé autour des années 50 ou Frédéric a d’abord, comme souvent à l’époque, appris à conduire avec son père. C’est en 1954 qu’il décroche son permis lors de son service militaire d’une bien étrange manière. En ce temps là, peu après la seconde guerre mondiale, l’armée française dispose de beaucoup de matériel allemand. Frédéric qui est alsacien est l’un des seuls à savoir lire et déchiffrer les modes d’emploi des matériels. Ses capacités sont tellement appréciées qu’il se retrouve rapidement Caporal, puis capo-chef mais pour passer sergent, il fallait avoir le permis. Pour Frédéric ce n’est guère un soucis et lorsque le grand jour arrive, tout va se dérouler très vite. Le capitaine inspecteur s’installe, Frédéric démarre mais, au bout d’une grosse dizaine de mètres, le capitaine est appelé pour un coup de téléphone urgent. Epreuve terminée, mais surtout, permis réussi pour Frédéric qui pourra passer sergent.

Rentré de son service militaire, Frédéric rentre chez IBM pour s’occuper des premiers ordinateurs de la marque qui sont à l’époque loués aux entreprises et administrations en raison d’un coût initial très élevé. Il est d’abord en poste à Strasbourg, puis à Metz et ensuite à Lille où il participe à l’informatisation des municipalités de Lille et Calais notamment. Depuis Lille il rend régulièrement visite à une de ses tantes qui habite Damas en Syrie. Il effectue le voyage au volant de sa DS via l’Allemagne, l’Autriche, la Turquie et profite de ces séjours pour visiter, la Jordanie, le Liban, Syrie, Irak et Iran. La distance ne lui paraît pas un obstacle car il adore conduire et il se dit alors qu’il pourrait peut-être à l’occasion s’essayer dans des grands rallyes.

Ce sont finalement des opportunités professionnelles qui vont permettre de pratiquer le sport automobile. L’Algérie, le Congo et le Maroc vont être ses patries d’accueil et lui permettre de pratiquer le sport automobile toujours ou presque avec ses DS qui le suivent partout. Il faut dire que l’état des routes lui donne raison même si les tracasseries ne sont jamais loin. Ainsi au Congo on lui demande de laisser son permis pour l’échanger contre un document local. C’est hors de question pour Frédéric qui a besoin de son permis lorsqu’il rentre en France et qui préfère repasser le permis. L’examinateur ne tardera pas à le lui donner lorsque Frédéric exécute un demi-tour en dérapage sur une route étroite pour éviter de nombreuses manœuvres.

Il joue aussi parfois de sa maîtrise de l’allemand pour s’affranchir des contrôles routiers, la police locale préférant le laisser passer plutôt que d’essayer de négocier en allemand. S’il dispute quelques épreuves locales au volant d’un coupé Triumph Spitfire ou d’une BMW 2002 Ti, c’est à la DS qu’il doit ses plus belles victoires. Il remporte ainsi le rallye de Kabylie 1970 et, fait plus étonnant, il remporte sa catégorie au 3 heures sur circuit d’Alger en 1973. Bien que la DS ne soit pas la voiture idéale pour ce genre d’épreuve, son réservoir modifié de 80 litres lui permet de ne pas devoir s’arrêter pour ravitailler et ainsi damer le pion à la concurrence.

Mais c’est au rallye du Maroc 1970, que Frédéric connaîtra son heure de gloire. Dans un rallye à la réputation de dureté non usurpée, où seuls 12 des 62 engagés initiaux réussirent à franchir la ligne, Frédéric amène sa DS 20 en 7ème position du classement général, 2ème du groupe 1 (voitures de série) et premier de sa classe. Il faut dire que Frédéric a un style de conduite en glissade bien à lui, grâce à une utilisation étonnante mais néanmoins efficace du frein moteur qui lui conférait un comportement de traction arrière. Une performance qui fera les choux gras de la presse sportive pour un équipage 100% amateur. Cette performance ne passera pas inaperçue chez Citroën qui, les années suivantes le feront profiter de l’assistance d’usine.

Malheureusement, si l’édition 1970 du rallye du Maroc a bien voulu sourire à Frédéric, les autres participations à cette difficile épreuve se solderont toutes par des abandons. Il faut dire que, très pris par son travail, Frédéric confie la préparation à un mécano local dont la préparation ne sera pas aussi fiable que celle de Citroën. Des bras arrières balladeurs le forceront à s’arrêter après l’ES 6 en 1971, tandis qu’en 1972 c’est l’ES07 qui sera fatale à la DS. Enfin en 1976, pour sa dernière sortie, c’est au train avant que Frédéric devra son abandon. Appelé par la société IBM à prendre des fonctions au sein de la direction parisienne, Frédéric ne trouvera plus le temps de se livrer à son sport favori et mettra définitivement sa passion en sommeil.